Sébastien Olesen, créateur du PALP Festival, a baigné dans un environnement sensible à la culture, au sens large, pendant toute son enfance. Mi-Valaisan, mi-Danois, il s’est nourri de l’ailleurs pour imaginer et concrétiser un concept unique en son genre, au cœur de son canton.
Naître de parents étudiant le théâtre à Paris favorise la fibre artistique, et Sébastien revendique son héritage. Dès qu’il l’a pu, le jeune Octodurien s’est engagé auprès d’associations culturelles de la ville où il a grandi, après avoir vécu ses quatre premières années au Danemark. Son passage aux Caves du Manoir, de bénévole à président, constitue une expérience fondatrice, grâce à laquelle d’autres possibles se sont ouverts, notamment à L’Usine, fameuse scène alternative de Genève.
Le syndrome « outre Montagne »
Déjà sensibilisé à des cultures venues d’ailleurs, grâce à son éducation, Sébastien développe une curiosité sans limites en grandissant, et bientôt, il cherche à se confronter à l’altérité hors du Valais. « À la fin de ma scolarité, je suis parti étudier les Sciences Politiques à Lausanne. J’ai ressenti le besoin de vivre ma jeunesse ailleurs. Je ne savais pas que j’arrêterais mon cursus pour me consacrer à un tout autre monde, celui de L’Usine, et que je déplacerais ma vie à Genève ». D’abord engagé à mi-temps, grâce à son expérience aux Caves du Manoir, il jongle avec l’Uni, mais son taux augmentant, il doit choisir. « J’avais trouvé ma place, j’adorais mon travail de programmation, d’administrateur, mais aussi de barman ou de technicien. Pendant ces huit ans, j’ai appris mille et une choses dont je me sers encore aujourd’hui. Cet environnement culturel, d’une grande richesse, m’a stimulé à tous les niveaux. Au point que j’ai réfléchi à des moyens de le diffuser dans mon canton. »
La naissance du PALP Festival à Martigny
En 2011, l’animation de la Place Centrale de la cité pendant la période estivale est mise au concours, Blaise Coutaz, graphiste, et Sébastien se lance dans l’aventure en créant le PALP Festival, accompagné de collaborateurs aguerris. « J’étais très heureux de revenir en Valais, tout comme ma mère l’avait été après son expérience au Danemark. J’avais eu le temps de me confronter à d’autres modes de pensées, d’étoffer mon réseau, et d’apprendre à gérer une structure culturelle. Pendant 10 années, l’équipe a investi les lieux en proposant une grande variété d’activités (concerts sur les balcons des habitants, spectacles de rue, silent disco, tournois de Jass...). Il est rapidement apparu évident que notre vision dépassait largement le cadre urbain. L’appel de la montagne, mais aussi celui du terroir a été de plus en plus fort ».
Une manifestation précurseur
Lorsque le « nouveau » PALP est lancé en 2014, il propose toujours des concerts originaux, sur les plongeoirs de la piscine, sur les toits des maisons, des animations, des expositions, mais l’ancrage dans le patrimoine naturel, les alpages, ainsi que culinaire, les fromages à raclette, deviennent des entités incontournables. « Nous voulions trouver une manière de valoriser cette production locale. À l’époque, les habitants du reste de la Suisse, les jeunes urbains, hors canton, ne connaissaient que peu la raclette C’était un plat pour les occasions familiales ou pour des célébrations traditionnelles. En travaillant sur son image, et en la faisant goûter lors de concerts en pleine nature en altitude, nous avons vu son potentiel de développement. Nous collaborons avec Eddy Baillifard, le grand spécialiste. Elle est devenue une référence pour les nouvelles générations, accompagnée de son verre de Fendant, surtout pendant nos “Rocklettes”. Nous exportons aussi notre savoir-faire ». Citons les Jeux Olympiques de Séoul, la National Portrait Gallery à Washington, au Consulat Suisse de Lyon, à l’Expo Universelle à Milan...
Sébastien Olesen peut-il vivre sans le Palp ? Pas tant que des étoiles brilleront dans ses yeux lorsqu’il en parle, que sa curiosité continuera de s’en nourrir, qu’il invitera des pépites musicales, comme le groupe The Dead South, ou qu’il profitera des buvettes d’alpages telles que celle de Pindin à Lourtier ! Mais surtout, pas tant que le sens qu’il donne à son travail lui remplira le cœur. L’énergie et la créativité de Sébastien servent cet événement marquant du Val de Bagnes, mais aussi du Valais (nombre de manifestations ont lieu dans d’autres districts du canton), elles servent la notoriété de la qualité de son accueil, de son professionnalisme et de son terroir.
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