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Photo du rédacteurNatacha de Santignac

Les trésors de Bex

Willy Jaquerod, natif de Bex, est revenu dans la commune en 2018 au moment de la retraite. Depuis, il n’a de cesse de parcourir la ville à la rencontre de ses anciens et de ses constructions pour cultiver sa mémoire, mais aussi la transmettre.


Tout au long de sa vie professionnelle, Willy Jaquerod a su saisir les occasions de tisser et de rebondir sur le fil du graphisme qu’il a découvert lors d’un apprentissage à Montreux, et qu’il a continué d’explorer même après la création de sa propre entreprise dans le domaine à Fribourg. De retour à Bex, son médecin lui conseille de marcher deux heures par jour. Il replonge ainsi dans un environnement jadis familier qui a bien changé. Au détour des jardins ou des fontaines, il croise les habitants, discute et engrange des anecdotes.


Mise en valeur de Bex

Les anecdotes se transforment en projets, comme celui de la balade des fontaines parcourant la ville. De même que les fours, elles incarnaient des lieux de rencontres et d’échanges entre voisins. On y discutait des dernières nouvelles, de la famille, des bêtes et des champs. On s’y ressourçait, on s’y désaltérait. Aujourd’hui, elles font le bonheur des randonneurs qui y plongent leur gourde pour les remplir ou leur visage pour ressentir un peu de fraîcheur lors de leurs promenades. Mais si on s’y attarde, on distingue des différences selon leur quartier ou leur époque. Elles offrent un autre regard sur l’architecture et l’histoire riche de la commune. L’eau si précieuse représente un fil entre tous.


La renaissance de la galerie du Glarey

Un jour, alors que Willy Jaquerod est assis dans une salle d’attente, il engage une conversation avec des toiles de Marie-Gisèle Pouderoux accrochées. Renseignements pris auprès de la thérapeute, il rencontre une dame de huitante-cinq ans qui a hébergé l’artiste, mais également André-Georges Marendaz, pendant des décennies dans sa maison de Bex. Dans les années 70, une brocante s’était développée sur les lieux, puis les œuvres produites sur place y avaient été vendues. À la suite de la conversation, la propriétaire invite Willy Jaquerod chez elle. Pendant sa première visite, la vieille grange lui dévoile un fonds incroyable de toiles, de dessins, de sculptures, tant et si bien qu’il accepte la mission d’organiser une première rétrospective du travail de Marie-Gisèle Pouderoux.

Après plusieurs mois d’aménagements : rangement, remise en état des murs, construction d’un escalier extérieur, installation d’un éclairage, le lieu est prêt à ressusciter, à retrouver son âme inspiratrice. L’exposition du 17 au 22 octobre a rassemblé une cinquantaine d’amateurs. L’accrochage, toujours visible sur rendez-vous, met en lumière différents thèmes chers à la peintre : sa terre natale, l’Auvergne, et ses paysans, la Méditerranée azur de la Grèce, la musique par le violon. Une autre rétrospective sera prochainement consacrée à l’œuvre d’André-Georges Marendaz. À sa suite, Willy Jaquerod « espère accueillir d’autres artistes afin que ce lieu d’échanges, de partages et de rencontres reprenne sa place dans la communauté, tout en offrant à Bex un nouveau souffle créatif dont elle a besoin ».


L’attachement de Willy Jaquerod à sa commune pourrait lui valoir le surnom de « gardien de la mémoire de Bex », mais il serait bien trop modeste pour l’accepter. En revanche, il continue d’en valoriser les trésors. Grâce au soutien de l’office du tourisme de la ville, il parvient à concrétiser certaines de ses idées, mais les moyens mis à dispositions restent minimes par rapport à la richesse exploitable. L’importance des racines et l’énergie qu’elles nous transmettent demeurent essentielles au maintien de la dynamique locale. Le patrimoine matériel et immatériel représente un vecteur d’échanges et de constructions pour l’avenir. Les recherches de Willy Jaquerod vont dans le sens d’un lieu de vie actif et attractif ancré dans son histoire, mais aussi ouvert à la nouveauté. Espérons que ses idées inspireront d’autres esprits, car il reste encore beaucoup à dévoiler !


Article paru dans Le Point Chablais de décembre 2022

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